Chercher un appart a Moscou mission impossible ?
L’obschéjitié c’est bien, mais à la longue ça lasse…
Les douches froides (canalisations d’eau chaude en réparation depuis deux mois et demi maintenant…) et la cuisine vietnamienne (j’entends les odeurs bizarres et les intestins de poissons que ma coloc vietnamienne vide dans notre baignoire…) c’est marrant un temps seulement…
Donc, pour toutes ces raisons, et surtout pour pouvoir être enfin ensembles, Romain et moi avons décidé de chercher un appart à Moscou. Pauvres de nous…
Chercher un appart en Russie c’est bien, mais comment ?
Les agences internationales auxquelles nous nous sommes adressées ne proposent pas de logement en dessous de 1000$ par mois, ce qui est un peu cher pour notre budget. Reste donc les agences russes ou les particuliers… Mais comment faire quand on parle à peine russe ?
On en a parlé à notre prof de russe, Svetlana, qui a très gentiment proposé de nous aider. On a acheté un journal, genre «de particuliers à particuliers» et elle a appelé toutes les petites annonces.
Il y a deux semaines, on est allé visiter l’appart qu'on préférait, malheureusement, il n'existait pas... L’agence qu’on avait contactée était véreuse, elle louait des apparts fictifs, comme 75% des agences immobilières moscovites, à ce qu'il parait. Et comme en plus, toutes les agences ici fonctionnent sur le principe que tu payes d'abord une certaine somme
pour ensuite accéder a leur catalogue d'appart, ben... dans l'histoire on a perdu 100euros...
Le lendemain, Svetlana, qui était évidemment très gênée de n'avoir rien vu venir et qui veut absolument nous rembourser (sachant ce que représente un salaire de prof en Russie, il en est hors de question, mais bon...), est allée avec nous a l'agence pour réclamer des sous, et, à partir de la, ça a été du grand spectacle !
On s'est retrouvés tous les trois dans une salle à coté de la salle principale, où l’on avait été accueillis la veille, avec 2 armoires à glace russes qui gueulait de façon impressionnante...
Bon, moi et Romain on s'est contentés de prendre une mine sérieuse et de ne pas bouger...
Par contre, Svetlana, qui avait l'air toute fine et toute fragile dans son petit tailleur gris, s'est expliquée pendant plus d'1h30 avec les deux ours, et d'une petite voix toute calme leur a tenu tête, voire leur a sorti de belles petites vannes... J'étais bluffée...
Au bout de 10minutes, elle était assise au bureau du mec pour écrire une lettre de plainte au directeur général de l’agence, et les deux ours se sont retrouvés debout derrière le bureau à la regarder. Et elle prenait son temps Svetlana… Et chaque fois que quelqu’un d'autre venait réclamer des sous, elle le persuadait d’écrire une plainte avec elle, tout en demandant aux deux ours, qui s'essoufflaient à force de crier, si leur parents leurs avaient jamais appris la politesse...
Bref, une immersion réussie dans la Russie d'après le communisme, ou une petite partie arnaque l'autre, qui n'a pas encore compris les grands principes du capitalisme.
Mais la journée n’est pas finie...
Nous sommes allés porter la lettre rédigée pas Svetlana au PDG, à l’autre bout de la ville, sous la pluie battante (à Moscou, quand il pleut, ça ressemble plus à de la mousson qu'à de la pluie bretonne, et le système d'évacuation d'eau est tellement performant que les rues se transforment très vite en rivières, ce qui rend tout plus "fun"...).
Comme par hasard, le siège de la société n'existait pas et donc le directeur non plus ! Mais, comme rien n'arrête une russe, on a décidé, enfin Svetlana, d’aller porter plainte au commissariat, près de l'agence... Et la, ce fut encore un grand moment de bonheur !
Je vous plante le décors : quelques salles glauques au fond d'une arrière cour, avec une dizaine de mecs baraques, le mine patibulaire, la kalachnikov en bandoulière (c'est l'arme de service...), regardant la TV parce qu'ils se font royalement chier. Faut dire que quand on a dit qu'on voulait porter plainte, on s'est refait engueuler (mais avec la kalach à coté ça fait encore plus crédible...) pour la seule raison qu'on voulait porter plainte. Faut pas s’étonner qu’ils aient rien à faire.
Mais c'était sans compter l'aplomb de la petite Svetlana qui n'a pas lâché le flic avant qu'il lui donne un papier et de quoi rédiger sa plainte... Plainte qui ira certainement direct à la poubelle, mais bon, c’est pour le principe.
Bref, une journée mémorable ! Si ce n'était la perte d'argent, je me suis vraiment bien "amusée" lors de cette plongée dans la pseudo démocratie russe…
Voila, mais on cherche toujours un appart, pas question de ce désespérer pour si peu.